Dans moins de 3 jours aura lieu le second tour des élections législatives. Binationaux, assurance chômage, pouvoir d’achat, etc. Mais où est donc passée l’éducation ?
A partir des programmes, VersLeHaut décrypte les verticales des 3 principales forces en lice et identifie quelques angles morts du débat éducatif.
Le premier tour des législatives a encore creusé le grand fossé qui traverse la société française. Aux rives de cette faille qui lézarde la Nation, on s’accuse, on s’invective, ruraux et citadins, prolos et intellos, bobos, fachos…
Exigence de dialogue
Comment une ambition éducative pourrait-elle émerger d’un pays si divisé ? Comment répondre aux besoins des enfants et des familles en dressant les éducateurs les uns contre les autres ? L’ampleur du défi éducatif suppose des orientations cohérentes, une vision partagée des spécificités de l’autorité éducative, de la part qui revient à l’enfant, de l’importance de la relation, de la place raisonnable des écrans, de la nécessaire complémentarité des apprentissages, de l’importance de la connaissance mais aussi de l’expérience, de la responsabilité, de la coopération.
C’est cette exigence de dialogue qui guide les travaux de VersLeHaut. « Tous éducateurs ! », c’est la conviction qu’en éducation, chacun a un rôle légitime, expert ou béotien, parent ou enseignant, maire ou ministre, association ou entreprise. Légitimité irréductible donc, sous réserve qu’on s’astreigne à cette considération, à cette altérité au-delà de laquelle commence la relation éducative.
Responsabilité éducative
C’est aussi l’intuition fondatrice d’un think tank dédié à l’éducation et à la jeunesse : l’éducation n’est pas un domaine ou une politique publique parmi d’autres qu’on pourrait considérer par séquence entre le pouvoir d’achat et l’immigration. L’éducation est une matrice, un creuset. Comme le savent les parents qui attendent leurs enfants devant le portail de l’école, du centre aéré ou du club de judo, l’éducation relie, rassemble, unit parce que les besoins de l’enfant commandent ce rapprochement.
Aussi l’analyse que nous faisons des propositions des trois principales forces politiques de notre pays s’est volontairement tenu à distance de l’effroi qu’inspire à nombre de nos partenaires, comme à nous, la perspective d’un Gouvernement populiste et xénophobe. Au-delà des craintes et des émotions légitimes, VersLeHaut continuera à porter haut et fort le parti de l’éducation et de la jeunesse.
Ce parti, nous souhaitons l’assumer intégralement et, en la matière, il est urgent de débattre, d’alerter, de proposer. Depuis trop longtemps, le débat public mésestime l’impératif éducatif, de gauche à droite, de droite à gauche. Inversion de la pyramide des âges, fragilités des liens familiaux, épuisement des éducateurs, etc. aucune des grandes questions éducatives ne franchit le plafond radar des candidats et des médias. « Plus de moyens pour l’école » ou « Big-bang d’autorité », l’éducation est un domaine dans lequel on se positionne, dans une posture identitaire et partisane, bien plus qu’on vient y apporter des réponses réfléchies à une situation qui compromet pourtant durablement l’avenir.
Peut-être faut-il justement voir dans cette indigence une des raisons profondes de la crise démocratique. Quelle colère est-elle plus justifiée que celle qui s’élève contre une société qui ne protège plus ses enfants, qui ne leur offre plus la vie comme une immense aventure, et dont les préoccupations ont déserté l’horizon de leurs rêves et de leur liberté ?
Le séisme qui secoue notre pays est un appel à la responsabilité bien plus qu’à l’indignation, au sérieux bien plus qu’à l’émotion, à l’espérance bien plus qu’au repli. Parce qu’en éducation, c’est l’espérance qui commande tout, et que sans elle, il n’est pas d’avenir souhaitable.