A l’occasion de la publication de sa note économique consacrée à la France, l’OCDE souligne les effets sur la productivité des faibles performances éducatives de la France et préconise de mieux concilier centralisation et autonomie des établissements. L’occasion d’explorer les contradictions de notre système éducatif et de souligner l’importance d’un plus grand respect du principe de subsidiarité dans l’éducation.

Malgré les efforts pour décentraliser et déconcentrer le système éducatif depuis un demi-siècle, l’éducation en France reste perçue comme trop centralisée. La ministre elle-même, lors de sa conférence de rentrée, dresse le tableau d’une école « trop dirigiste et dirigée », pour laquelle la situation politique permettait de « marquer un apaisement dont notre système a profondément besoin».

Dans sa récente note économique consacrée à la France, l’OCDE souligne la priorité qui doit être donnée à améliorer les résultats d’un système éducatif « très centralisé » dont les résultats sont proches de la moyenne des 85 pays évalués mais dont les dépenses sont plus importantes et les inégalités plus marquées. Les faibles performances éducatives de la France dégraderaient sa productivité globale de 2,7 %.

L’OCDE recommande une plus grande autonomie des établissements pour améliorer les performances éducatives, tout en insistant sur trois conditions essentielles : l’évaluation régulière des résultats, le renforcement des capacités de direction et une formation continue adaptée pour les enseignants.

La décentralisation n’a pas suffi à clarifier les responsabilités locales, menant à une fragmentation des compétences administratives.

Historiquement, l’idée d’autonomie n’est pas nouvelle en France. Dès la fin du XIXe siècle, Léon Bourgeois, directeur de l’instruction, prônait un système éducatif flexible, adapté aux spécificités locales. Ce principe a été porté dans la loi avec la création des établissements publics locaux d’enseignement (EPLE), dotés de leur propre personnalité juridique et de conseils d’administration incluant des représentants des parents, des élèves, et des collectivités locales. La loi reconnaît également un large droit à l’expérimentation pédagogique, encore renforcé par la loi pour l’école de la confiance de 2019.

Cependant, malgré les nombreuses réformes, le système éducatif français reste en grande partie centralisé. La décentralisation n’a pas suffi à clarifier les responsabilités locales, menant à une fragmentation des compétences administratives. Ce morcellement rend difficile l’élaboration de projets éducatifs cohérents à l’échelle locale. En outre, l’autonomie budgétaire et juridique des établissements s’arrête à l’école primaire, où la direction est souvent assurée par des enseignants partiellement déchargés, limitant ainsi leur capacité à diriger efficacement.

Le débat entre autonomie et centralisation est loin d’être tranché. La récente controverse sur les groupes de niveaux illustre cette complexité, avec un gouvernement intervenant dans l’organisation pédagogique et des syndicats défendant l’autonomie pédagogique des établissements.

Plutôt que d’opposer autonomie et centralisation, il est essentiel de réfléchir aux moyens concrets de donner plus de marges de manœuvre aux acteurs locaux.

A contrario, les syndicats estiment souvent que l’autonomie administrative conduit à une privatisation rampante et au renforcement des inégalités, et lui opposent une centralisation qui garantit les principes du service public et la protection du statut des enseignants.

Plutôt que d’opposer autonomie et centralisation, il est essentiel de réfléchir aux moyens concrets de donner plus de marges de manœuvre aux acteurs locaux, en respectant le temps nécessaire pour que les politiques éducatives produisent leurs effets. Un dialogue plus approfondi avec les collectivités locales et un souci accru des réalités du terrain semblent indispensables pour que le système éducatif réponde mieux aux besoins des élèves et de leurs familles.

Guillaume Prevost, Délégué Général de VersLeHaut