…et un travail qui contribue à l’ambition éducative !
Le niveau d’un Néerlandais titulaire d’un bac équivaut à celui d’un Français diplômé du supérieur. C’est l’un des enseignements majeurs de l’étude PIAAC de l’OCDE (2024), qui met en évidence les limites de notre modèle scolaire centré sur l’acquisition théorique. Ce constat renforce l’urgence de mieux articuler savoirs académiques et apprentissages pratiques. Pendant six mois, VersLeHaut s’est donné un objectif : redonner du sens aux liens entre monde de l’éducation et monde du travail.
Retrouvez dès jeudi l’étude de VersLeHaut “Le monde du travail, nouvel horizon éducatif ? Ouvrir les chemins de la réussite”.
Le récent rapport de la Cour des comptes souligne que l’accès à l’emploi reste largement conditionné par le diplôme, malgré l’essor de l’apprentissage. En parallèle, l’inflation des diplômes a réduit leur valeur sans répondre aux besoins réels du marché du travail. Les jeunes sont ainsi pris entre l’exigence de qualification et le manque de perspectives adaptées. L’école est censée préparer à l’avenir professionnel, mais le fossé entre éducation et emploi ne cesse de se creuser.
Face à ces tensions, cette étude propose de dépasser les oppositions traditionnelles entre savoirs académiques et compétences pratiques pour réconcilier éducation et travail.
L’enjeu central de l’orientation… et d’abord une question de confiance !
Notre profession est d’abord le fruit d’une éducation. Celle de l’école, des adultes et des adolescents qui nous ont entourés, et celle que l’on se donne à soi-même. Et lorsque l’on aborde les questions d’orientation, de formation et d’insertion professionnelles auprès de tous les inspirateurs et contributeurs de cette étude, on en revient toujours, éternellement à ce même noyau dur de l’éducation : la confiance. Un mot qui apparaît presque invariablement dans tous les articles qui suivront. Notre relation au travail dépend de notre confiance en nous, en les autres, dans les institutions et dans l’avenir. Et l’inverse est vrai : c’est aussi le travail qui nourrit la confiance.
VersLeHaut a déjà exploré en profondeur cette thématique dans sa dernière étude Un Sérieux Besoin de Confiance, ce que nous devons à la jeunesse (octobre 2024), en révélant son rôle déterminant dans les trajectoires éducatives et personnelles, mais aussi des ambitions collectives, des jeunes.
Nous voulons ici poursuivre cette exploration, en nous plongeant plus directement dans le sujet fondamental de l’orientation. Problématique à la mode qui figure en tête de récentes prises de parole politique… Au-delà des postures, il faut s’y plonger avec humilité car cet enjeu ne peut que partiellement nous appartenir. De quelle boussole doter les jeunes face au monde du travail défini par une triple révolution : démographique, numérique et écologique, qui redéfinissent les métiers de demain ?
De quelle boussole doter les jeunes face au monde du travail défini par une triple révolution : démographique, numérique et écologique ?
Casser l’idée d’une école qui “prépare “à” et d’un travail qui se fait “après”
Plus largement, la rupture entre éducation et travail, prend une place croissante dans les débats publics et les préoccupations des acteurs éducatifs. Le baromètre Jeunesse et Confiance de VersLeHaut mesure chaque année avec l’institut de sondage Opinion Way la manière dont l’école est perçue comme apte à préparer au monde du travail. Or un sentiment de décalage est exprimé, de manière croissante par les chefs d’entreprise : cette année, 80% d’entre eux considèrent qu’elle ne prépare pas bien à un avenir professionnel. Comment réconcilier deux sphères – l’école et le travail – qui, historiquement, ont souvent été perçues comme opposées, voire incompatibles ?
Le travail et l’éducation n’ont pas toujours entretenu un dialogue harmonieux. Dans notre imaginaire collectif, l’école prépare « à », tandis que le travail se fait « après ».
Cette segmentation rigide a nourri des malentendus profonds : le travail a été relégué au second plan dans une société qui valorise la réussite scolaire comme seule voie légitime d’élévation sociale.
Notre enquête explore six grands enjeux éducatifs et professionnels pour proposer des pistes de réflexion et d’action. L’objectif ? Renforcer ce lien entre l’éducation et le travail, tout en dépassant les contradictions qui entravent leur articulation. Rétablir, fondamentalement, le lien entre savoir et faire, pour redonner cohérence et confiance au monde que nous construisons.
Rétablir, fondamentalement, le lien entre savoir et faire, pour redonner cohérence et confiance au monde que nous construisons.
À travers ces thématiques, nous examinons en 6 articles les transformations nécessaires pour rendre ces deux univers que sont l’éducation et le travail complémentaires, et non plus antagonistes :
- Sortir de l’injonction au diplôme : Comment faire en sorte que l’éducation, loin de se limiter à une accumulation de titres, redevienne une voie d’émancipation et d’épanouissement pour tous ?
- Réhabiliter les voies professionnelles : Pourquoi et comment valoriser les métiers manuels et techniques dans une société qui visibilise encore trop largement les carrières des cadres et du secteur tertiaire ?
- Prendre conscience des contradictions du système d’orientation : Entre injonctions parentales, complexité institutionnelle et aspirations individuelles, comment accompagner les élèves dans un choix éclairé et réaliste ?
- Imaginer une école qui amène à un travail émancipateur : Peut-on former au-delà des compétences académiques, en intégrant pleinement les dimensions humaines et sociales du travail ?
- Envisager toute notre vie comme un chemin d’apprentissage : Comment encourager une approche continue de la formation, qui s’adapte aux besoins changeants des individus et des entreprises ?
- Le lieu de travail comme levier éducatif : De quelle façon les entreprises peut-elle effectivement contribuer à l’éducation et la transmission des savoirs ?
Changeons notre regard sur l’éducation … et sur le travail !
Déjà en 2018, VersLeHaut appelait à la Responsabilité Educative des Entreprises en relayant une attente de la jeunesse vis-à-vis des employeurs. Mentorat, mécénat en faveur de l’éducation, multiplication des stages en entreprises… L’idée a fait son chemin. Aujourd’hui, nous souhaitons aller un cran plus loin et nous adresser à tous les employeurs vis-à-vis des écoles mais aussi de leurs propres employés, et leur rappeler à nouveau leur rôle d’éducateur.
On apprend au travail au moins autant qu’à l’école… et c’est peut-être au travail que l’on se questionne le plus sur soi. Ces deux espaces éducatifs n’ont pas nécessairement vocation à être opposés. Ils se complètent plus qu’ils ne se font concurrence. L’employeur a donc toute légitimité à assumer son rôle d’éducateur. Cette étude vise à encourager de nouveaux modes d’éducation concrets, à destination des jeunes et des moins jeunes, pour que l’andragogie (l’éducation des adultes) devienne un sujet aussi récurrent et passionnant que la pédagogie.
Cette étude s’appuie sur les contributions de nombreux acteurs – enseignants, chercheurs, responsables associatifs, chefs d’entreprise, jeunes en formation – pour offrir une perspective à la fois ancrée dans la réalité et tournée vers l’avenir. Elle se veut un outil d’analyse, mais aussi un plaidoyer : pour une éducation qui redonne du sens au travail, et pour un travail qui contribue à l’émancipation éducative.
Notre étude “Le monde du travail, nouvel horizon éducatif ? Ouvrir les chemins de la réussite“ paraît ce jeudi 27 mars ! Retrouvez-la dans son intégralité et visionnez, dans les jours à venir, la captation de l’événement de restitution sur notre site !
Camille de Foucauld