Et si, contrairement à une idée bien ancrée, les difficultés de l’école étaient liées à l’absence d’une administration capable de soutenir les équipes éducatives ? C’est ce qui ressort d’un rapport sénatorial récent consacré aux personnels administratifs de l’Education nationale. Une radiographie surprenante d’un mammouth moins laineux qu’on s’imagine.

Le sénateur Olivier Paccaud (LR), rapporteur des crédits de l’Education nationale devant la Haute-Assemblée, a publié cet été un rapport d’informations consacré aux personnels administratifs du ministère de l’Éducation nationale. Ce travail, peu relayé par les médias, bat pourtant en brèche quelques idées bien ancrées dans le débat public, en particulier celle d’une école écrasée sous le poids de son administration.

Avec plus de 1,2 millions de personnels, l’Education nationale est le plus gros employeur de France, loin devant les géants du CAC 40, qui comptent au plus quelques centaines de milliers de salariés, comme Carrefour ou Sodexo. Parmi ces personnels, 237 000 ne sont pas enseignants, soit un peu moins de 20 %. Mais la grande majorité de ces personnels ne remplissent pas des fonctions administratives et sont placés directement avec les élèves, au premier rang desquels les personnels d’assistance éducative sont chargés de la vie scolaire (AED) ou d’accompagner les élèves en situation de handicap (AESH).

Seulement 4 emplois administratifs pour 100 personnels et 1 000 élèves

Au bilan, si l’Education nationale se distingue parmi les grandes administrations ou les grandes entreprises privées, c’est par la faiblesse de son taux d’encadrement.

Une diminution de 20 % des effectifs depuis 2007

Quelques chiffres clés :

  • L’éducation nationale compte seulement 4 emplois administratifs pour 100 personnels et 1000 élèves contre des taux d’encadrement généralement compris entre 10 et 15 % dans les grandes organisations ;
  • Les personnels non-enseignants sont en grande majorité en prise directe avec les élèves : surveillants, conseiller d’orientation, accompagnants d’élèves en situation de handicap ;
  • 61 % des personnels administratifs sont en poste dans les établissements, comme les agents comptables des collèges et lycées. A contrario, moins du tiers exercent dans les rectorats et les services départementaux ;
  • En administration centrale, le ministère de l’Education nationale ne compte que 1 800 personnes contre 5 000 à Bercy, aux ministères économiques et financiers, ou 9000 à Balard aux armées.

Le rapport souligne également que les effectifs des personnels administratifs ont diminué de plus de 20 % depuis 2007 alors que les effectifs de personnels non-enseignants ont progressé de près de 50 % sous l’effet du recrutement massif d’auxiliaires éducatifs pour les élèves en situation de handicap. Dans ces conditions, faut-il s’étonner des dysfonctionnements de l’école, de l’isolement des enseignants ou de la rupture entre le ministère et le terrain ?

Le constat est d’autant plus implacable que les écoles primaires ne disposent pas de personnels administratifs. De fait, comme la moitié des 40 000 écoles comptent moins de 5 classes, elles ne disposent donc d’un directeur, partiellement déchargés de ses fonctions d’enseignement, qu’une journée par semaine.

Orientation, relation avec les parents, accompagnement personnalisé, égalité entre les filles et les garçons, enseignement moral et civique, éducation à la santé, innovation pédagogique, stages en entreprises, harcèlement… Comment les enseignants pourraient-ils répondre seuls aux immenses besoins éducatifs des enfants et des familles ?

Cessons d’opposer les uns aux autres, les enseignants et les non-enseignants, l’administration et le terrain. Notre école a besoin de plus de ressources aux côtés des enseignants, en premier lieu desquels un vrai corps d’éducateurs comme VersLeHaut le propose dans notre dernière étude « Le Sport, terrain d’éducation ».