Dans un système éducatif mobilisé pour porter 80% d’une génération au baccalauréat, l’apprentissage a longtemps fait figure de vilain petit canard.

Et, comme dans l’histoire, le vilain petit canard a déployé des ailes de cygne.

Progressivement élargi à 20 ans, 25 ans puis 30 ans aujourd’hui, l’apprentissage permet désormais de préparer tous les diplômes, du CAP au Master. Les grandes écoles proposent des cursus en alternance plébiscités par les jeunes, notamment issus des familles modestes.

Aujourd’hui, 60 % des apprentis préparent un diplôme de l’enseignement supérieur. Ils sont plus de 500 000, soit le tiers des étudiants à l’université.

Comment expliquer ce bouleversement ? Que faut-il en retenir ?

Primo, l’apprentissage voit le grand retour des entreprises dans le champ de la formation initiale. A côté des universités et des grandes écoles, l’apprentissage déploie un véritable système de formation alternatif fondé sur les titres et certifications professionnels recherchés par les entreprises.

Secundo, les conditions exceptionnelles de financement depuis 2018, que certains économistes ont qualifié « d’années folles », appellent d’inévitables arbitrages. A près de 20 Md€ par an, le dossier suscite la prudence des Gouvernements successifs, alors que le chômage des jeunes continue de compromettre l’avenir.

Tertio, le succès de l’alternance montre le besoin de cursus moins scolaires dès le secondaire, sur le modèle suisse ou néerlandais. L’apprentissage pourrait ainsi davantage mobiliser les dispositifs de jeunesse : bourses d’études, mobilité internationale, années d’échanges au travers d’Erasmus+, volontariats en Service civique, dans les armées ou au travers du Corps européen de solidarité.

Bref, l’apprentissage n’a probablement pas fini de transformer notre système éducatif. Cette semaine, nous vous emmenons donc à la rencontre des nouveaux visages de l’apprentissage, avec Milo apprentis menuisier ou l’association A deux mains, qui propose des ateliers d’artisanat aux collégiens.