Immigration : la France, terre d’hospitalité éducative
La France fait partie des pays qui comptent le plus d’étudiants étrangers venant de divers horizons, nombre d’entre eux étant à la recherche d’enseignement plus divers voire meilleurs que ceux de leur pays d’origine. Ils sont également en quête de réussite et celle-ci passe par un encadrement et des formations de qualité, voire des opportunités d’embauche. Mais est-elle à la hauteur de ces promesses ?
Une dynamique favorable largement portée par les flux africains
Dans le monde entier la migration estudiantine internationale a été multipliée par 3. La France fait partie des pays qui accueillent le plus d’étudiants (6e rang des pays d’accueil en 2020). Pour la première fois en 2023 l’immigration étudiante prend d’ailleurs le pas sur l’immigration familiale ou économique, avec près d’un tiers du flux migratoire (INSEE, 2023).
La France accueille en effet régulièrement plus de 300.000 étudiants internationaux chaque année dans l’enseignement supérieur. Ce chiffre a même dépassé la barre des 400.000, en comptant les apprentis, pour l’année universitaire 2021-2022 qui marque une progression inédite d’environ 8%.
En termes d’effectifs, les étudiants africains, originaires en particulier d’Afrique du nord et d’Afrique subsaharienne, devancent globalement les étudiants provenant d’autres zones. La dynamique par rapport à l’année précédente est cependant plus forte pour les zones Amérique (en particulier Amérique du Nord) et Europe (en particulier hors UE).
L’accueil de ces étudiants est largement rentable pour la France : ils rapporteraient 1,35 milliard d’euros par an selon Campus France (Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale). En effet, si l’État finance leur accueil à hauteur de 3,7 milliards, les étudiants étrangers dépensent 5 milliards d’euros par an sur le territoire français en frais d’inscription mais également pour leurs dépenses courantes, de loisirs ou en cotisations sociales dans le cadre des emplois qu’ils occupent.
L’enjeu de l’hospitalité devient prépondérant
Il est important pour ces étudiants d’être bien intégrés et surtout accompagnés. Ils doivent maitriser la langue parlée qui est le français, être informés sur les différentes procédures administratives à entreprendre, les moyens de transport, la vie sociale et bien d’autres éléments constituant la vie d’étudiant en France.
Pour cela Campus France a mis sur pied différents accompagnements afin de leur faciliter le séjour. Ainsi le label « Bienvenue en France » est décerné aux établissements qui ont la capacité de fournir aux étudiants internationaux une aide pour les procédures administratives, des programmes de parrainages, d’accompagnement dans les recherches de logement comme dans les recherches de stage ou de job d’appoint.
L’université de Poitiers, porteuse du label, propose divers dispositifs d’accompagnement comme :
– Une journée d’accueil dédiée aux étudiants étrangers nommée « les étudiants du monde »
– Le programme « habitants d’ici, étudiants d’ailleurs » afin que les habitants de la ville puissent accueillir les étudiants étrangers durant les fêtes ou un week-end pour passer un moment hospitalier.
– Des cafés internationaux, moment convivial destiné à créer un lien entre les étudiants internationaux et les étudiants français.
Par ailleurs, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a créé un fonds d’amorçage disposant d’une enveloppe de 5 millions d’euros destinés à financer des bureaux d’accueil avec pour objectif de simplifier l’arrivée des étudiants étrangers en matière d’intégration et d’installation : recherches de logements, inscriptions, formalités administratives. Ce service, appelé Welcome desk , a bénéficié à 83.000 étudiants en 2022.
Par exemple, au Welcome desk de l’université d’Évry on propose, entre autres, un dispositif de parrainage des étudiants, un soutien aux démarches de demande de titre de séjour directement en lien avec la préfecture de l’Essonne, un processus de suivi de l’inscription administrative.
Une Intégration encore malaisée
Ces étudiants connaissent néanmoins des difficultés à leur arrivée en France.
Le problème du logement est prépondérant. Les dispositifs existants ne parviennent pas toujours à les guider dans les complexités bureaucratiques.
L’enjeu financier est également aigu. Ils doivent justifier de ressources supérieures à celles dont disposent de nombreux étudiants français (un minimum de 615€/mois), ce qui les contraint souvent à devoir trouver un job étudiant en plus de leur établissement.
Or ils sont nombreux à subir des discriminations dans leur recherche d’emploi comme de stage ou d’alternance. Comme le souligne Barbara, étudiante de 23 ans originaire d’Afrique, et auteure d’un texte percutant sur le média Zone d’expression prioritaire (ZEP), la « réponse des recruteurs dépendait pas mal de l’idée que l’on se fait de tes origines ».
Retrouvez notre décryptage : Éducation sous tension(s) : 10 tendances à suivre
Immigration : la France, terre d’hospitalité éducative