Pourquoi les femmes hésitent-elles encore à demander une augmentation ou à saisir des opportunités ? Et si la clé pour combler les inégalités salariales se trouvait dans la confiance en soi ?

L’égalité salariale entre hommes et femmes reste un défi de taille en France, malgré des avancées. En 2024, l’Index d’égalité professionnelle a atteint une note moyenne de 88/100, stable par rapport à 2023. Cependant, seulement 2 % des entreprises atteignent une note parfaite, et 6 % ne respectent pas l’obligation d’augmenter les femmes au retour de congé maternité​.

Ces chiffres révèlent que, malgré les progrès législatifs, des efforts importants restent nécessaires pour parvenir à une réelle égalité salariale. Plus largement, les femmes continuent de gagner en moyenne 4 % de moins que les hommes à poste et temps de travail équivalents, et elles restent sous-représentées parmi les cadres dirigeants et dans les postes les mieux rémunérés​.

Ne pourrait-on pas s’interroger sur ce qui se cache derrière la difficulté à maintenir la confiance des filles dans leurs parcours ?

Le manque de confiance : un obstacle pour les femmes

Les inégalités entre filles et garçons se dessinent dès les premières années de l’école, et ce, dans des espaces paraissant aussi anodins que la cour de récréation. Selon l’Atelier Recherche Observatoire Égalité, une étude révèle que 90 % de l’espace extérieur est dominé par seulement 20 % des élèves, pour la plupart des garçons. Cette répartition inégale n’est pas anecdotique : elle marque la manière dont les filles et les garçons s’approprient l’espace social dès leur enfance. Les filles, souvent reléguées aux bords de la cour ou dans des zones moins fréquentées, prennent l’habitude d’évoluer dans un espace réduit, tandis que les garçons investissent largement le centre de la cour. Cette répartition inégale de l’espace physique reflète ainsi des rapports de pouvoir plus vastes, qui se prolongeront dans d’autres sphères de la vie sociale et professionnelle, renforçant les inégalités de genre à mesure que les enfants grandissent.

Selon le baromètre Jeunesse&Confiance 2023, 8 jeunes sur 10 déclarent renoncer à s’exprimer en public à cause d’un manque de confiance en eux. Ce phénomène touche particulièrement les jeunes femmes, avec un écart de plus de 13 points par rapport aux jeunes hommes. Cette vulnérabilité reflète une réalité préoccupante, où le manque de confiance freine par la suite la progression des femmes dans des environnements souvent marqués par des biais culturels.

Combien de fois, en tant que femme, hésitons-nous à prendre la parole en public par peur de ne pas être à la hauteur ? Comment apprendre à dépasser cette peur et à croire en nous ? Justine Serre, lors d’une interview pour le podcast Jeunes&Brillants, partage une anecdote révélatrice. Les premières fois où elle se rend dans une banque pour demander des financements afin de lancer son entreprise, elle sent que son âge et son genre jouent contre elle. Pourtant, déterminée et confiante dans son projet, elle persévère et finit par obtenir le soutien nécessaire. Son histoire est un bel exemple de résilience et de confiance en soi.

Au cours de cette même interview, Justine, cheffe d’entreprise de la maison de mode Marine Serre, insiste : « Savoir se faire confiance est parfois plus difficile pour les femmes, mais c’est aussi ce qui nous permet de saisir des opportunités et de demander ce que l’on mérite. » Aux côtés de sa sœur Marine Serre, Justine incarne un modèle inspirant. Ensemble, elles montrent qu’il est possible de briser les barrières : Marine, par exemple, a construit une marque internationale en prônant une mode inclusive, audacieuse et écoresponsable. En occupant une place de choix dans une industrie encore marquée par des inégalités, elle redéfinit les codes avec détermination et créativité.

La confiance comme solution : quelques actions concrètes

Pour réduire les inégalités salariales, il est urgent de cultiver la confiance des jeunes femmes dans leurs compétences. Voici quelques actions concrètes :

  1. Valoriser les modèles féminins : la visibilité de personnalités inspirantes telles que Justine et Marine Serre, ou encore Aya Nakamura, chanteuse franco-malienne et icône internationale, est fondamentale. À travers ses chansons, Aya incarne la confiance en soi et devient un modèle puissant. Ces figures de réussite fournissent aux jeunes femmes des repères positifs, nourrissent leur ambition et renforcent leur légitimité dans leurs projets. Par exemple, l’ONG Inspiring Girls, qui œuvre pour élargir les horizons professionnels des jeunes filles, fait intervenir des témoignages de femmes inspirantes pour les encourager.
  2. Encourager la prise de risque : beaucoup de femmes hésitent à se lancer dans l’entrepreneuriat ou à viser des postes de direction par peur de l’échec. Des programmes de mentorat pourraient leur donner l’assurance nécessaire pour se projeter vers l’avant, par exemple l’association Rêv’elles qui accompagne les jeunes femmes des milieux populaires ou encore Empowher une association qui accompagne les jeunes femmes entrepreneures.
  3. Mettre en place des formations à la négociation : des formations pratiques pourraient permettre aux femmes de mieux valoriser leurs compétences et de demander des salaires justes, en brisant les barrières liées au manque de confiance. Par exemple, Audencia forme les femmes à la négociation salariale à travers l’organisation d’ateliers.

Sheryl Sandberg dans sa série de livres « En avant toutes », l’ancienne directrice des opérations de Facebook souligne que les femmes hésitent souvent à demander des augmentations ou des promotions, ce qui contribue à l’écart de rémunération entre les sexes. Elle attribue ce phénomène à des normes sociales profondément ancrées, qui poussent les femmes à éviter de paraître “exigeantes” ou trop assertives. Ces formations leur offriraient des outils concrets pour surmonter ces obstacles. 

Repenser l’égalité : la confiance comme clé de l’avenir

La confiance en soi est un levier essentiel pour changer les inégalités salariales. En cultivant cette confiance dès le plus jeune âge, notamment à travers des moments comme la prise de parole en classe ou l’occupation de la cour de récréation, on peut lutter contre les stéréotypes et les habitudes inégalitaires qui se forment tôt. Il est crucial d’agir avant même d’atteindre l’environnement professionnel. En parallèle, dans le monde du travail, un environnement égalitaire et des modèles de femmes leaders comme Justine et Marine permettent de renforcer cette confiance et d’offrir aux femmes les clés pour accéder à des postes à responsabilités et exiger une rémunération équitable. En soutenant cette dynamique, nous pouvons combler les écarts de salaire et transformer la société.

Marion Denis, cheffe de projet chez VersLeHaut

Sources : Ministère du Travail et de l’Emploi

Le Monde.fr

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