Il y a quelques semaines je me rendais sur les terrains de Sport Dans La Ville pour découvrir le programme d’accompagnement « Passe Décisive ». Cette fois-ci, avec mon carnet et mon appareil photo, je suis allée du côté de Ateliers Amasco, à la découverte de leurs ateliers ludiques et pédagogiques proposés pendant les vacances scolaires.
L’idée est simple : pendant une semaine, ce sont une vingtaine d’enfants de 6 à 11 ans, encadrés par 3 ou 4 animateurs formés à la pédagogie d’Amasco, qui apprennent en s’amusant.
Les enfants participent à des activités variées, toujours ludiques et progressives. Alors pour permettre cette variété, chaque vacances scolaires propose un nouveau thème. Lors de mon passage, c’était le thème « Tous en forme ! » qui était à l’honneur. Très en lien avec les Jeux Olympiques et Paralympiques…
Lorsqu’on creuse un peu derrière cette semaine d’activités, on s’aperçoit qu’il y a toute une réflexion qui est menée : comment accueillir les enfants ? Quelle place pour les parents ? Pourquoi ce jeu plutôt qu’un autre ? Les Ateliers d’Amasco sont pensés pour répondre à chacun de ces enjeux.
Puisque l’objectif est de rendre l’enfant acteur de ses apprentissages, conscient de ses compétences et savoirs, la construction d’une pédagogie spécifique est centrale.
J’ai rencontré la responsable pédagogique, Cécile, pour bien comprendre la maquette pédagogique.
Voici ce que j’ai retenu de mes échanges avec elle et de la découverte du site de la Maison de Quartier de Saint-Denis en compagnie de Rachid, animateur référent du site…
Créer du lien autour de l’enfant
Pour de nombreuses raisons que je vous propose d’étayer ci-dessous, ces ateliers permettent de créer des ponts entre l’enfant, l’école, la maison, les parents, les animateurs et les enseignants. C’est ce lien qui m’a frappée.
En premier lieu, Ateliers d’Amasco est uniquement organisé pendant les vacances scolaires. Ce choix n’est pas le fruit du hasard : il permet de s’inscrire en complémentarité et en continuité avec l’école tout en luttant contre les inégalités scolaires qui, elles, ne prennent pas de vacances. Ces périodes sont non seulement déterminantes pour le développement de l’enfant mais également un moment où les inégalités se renforcent massivement.
En second lieu, ces ateliers permettent de marier les compétences de l’animation et de l’enseignement. Déjà, par le profil des animateurs. Il va de professeurs des écoles certifiés ou en formation à animateurs professionnels ou en stages BAFA. Autant de profils qui permettent de croiser les expériences et d’enrichir les formations Amasco et les activités proposées. Ensuite, par la possibilité de découvrir la pédagogie active, une pédagogie ayant à cœur de placer l’enfant comme acteur de ses apprentissages (observer, questionner, expérimenter, construire…). Cécile l’explique très bien : « il y a peu d’opportunités pour les enseignants et futurs enseignants de se former aux pédagogies actives ». Tout comme il y en a peu pour les professionnels de l’animation de monter en compétences sur l’animation apprenante. Au-delà des temps de formation à la pédagogie, les équipes pédagogiques travaillent ensemble durant la semaine, autant de moments supplémentaires de croiser les compétences et les savoirs.
En dernier lieu, Ateliers d’Amasco travaille de concert avec les parents et les acteurs éducatifs du territoire. Leur action se veut complémentaire voire partenaire de l’Éducation nationale, de la municipalité et du tissu associatif local. Elle s’inscrit dans un écosystème existant pour répondre à des besoins préalablement identifiés. Un principe que d’autres acteurs dans le champ de l’éducation extrascolaire mettent aussi en œuvre à l’image de Rebonds ! dans le sport [1].
D’ailleurs, en creusant un peu, j’ai appris que leurs ateliers se tiennent pour un tiers dans des écoles, un tiers dans des centres sociaux et un dernier tiers au sein d’associations et autres salles municipales. Un triptyque équilibré qui illustre une implantation en fonction des besoins du territoire (et du volontarisme, évidemment).
Du côté des parents, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec certains, ou plutôt certaines. Une majorité apprécie l’ouverture des ateliers à leur présence, et ils se disent rassurés de savoir leurs enfants « entre de bonnes mains ». Ce qui est intéressant c’est que les familles sont véritablement les bienvenues : elles peuvent venir passer du temps avec leurs enfants sur les temps d’accueil du matin et du soir) ; elles sont aussi tenues informées des activités proposées (par une conversation de groupe WhatsApp) et un temps de restitution des apprentissages des enfants est prévu le jeudi.
Des vacances enrichissantes !
Derrière chaque activité proposée se cache une intention éducative, selon le principe de la pédagogie active. Que ce soit le développement de compétences psychosociales comme la confiance en soi ou la gestion des émotions, l’apprentissage de savoirs dits fondamentaux ou encore la mobilisation de compétences du tronc commun, ces activités vont un cran plus loin pour réaliser cette intention. Par exemple, la matinée où je suis venue, l’atelier en anglais s’intitulait : “The Fishing Net”. Après avoir révisé les nombres en chanson, est venu le temps du jeu. Deux équipes sont formées. L’une, en cercle, se donne la main, c’est le filet. L’autre, les poissons, se promène librement entre les mailles du filet. Les joueurs du filet, après s’être mis d’accord, comptent ou chantent jusqu’au nombre convenu. A ce moment-là, ils ferment le filet en abaissant les bras. Les poissons pris deviennent “filet”. En jouant, ils développent des compétences telles que “comprendre et s’exprimer à l’oral” ou “dire pour
être entendu et compris” ainsi que l’apprentissage d’une langue étrangère, obligatoire durant toute la scolarité de l’élève.
Les semaines sont structurées de la même manière d’un site à un autre pour s’assurer que les objectifs pédagogiques sont atteints qu’importe le lieu et le groupe. Mais si la « semaine type » existe, une certaine souplesse est nécessaire afin de s’adapter aux réalités de « terrain ».
Ensuite, les ateliers thématiques sont repensés à chaque fois avec les équipes pédagogiques (référents et animateurs) au cours de journées dédiées pour continuer, d’une part, de former les équipes à la pédagogie Amasco, et d’autre part, renouveler les activités proposées. Il s’agit d’ailleurs d’une belle opportunité de s’enrichir au passage des pratiques des uns et des autres !
Ces ateliers thématiques sont l’occasion, pour les enfants cette fois, de travailler en coopération en vue de la présentation à un Jury du projet collectif en fin de semaine. Chaque projet est récompensé par un Trophée qui mettra en avant un élément fort : créativité, coopération, éloquence…
Et pour que les enfants prennent conscience de leurs apprentissages au-delà du jeu, il y a un outil qui a suscité ma curiosité : l’affichage pédagogique. Parfois mis en place dans les écoles maternelles ou primaires, il est un outil qui mériterait d’être exploité plus encore !
Une fois qu’un atelier est fini, qu’une production a été réalisée, les enfants viennent accrocher sur un même mur le fruit de leur travail. Au fur et à mesure de la semaine, le mur se remplit au rythme de leurs apprentissages. A la fin de la semaine, ce mur couvert d’affiches montre non seulement aux enfants tout ce qu’ils ont appris mais aussi que ces savoirs peuvent avoir un sens. Alors quand, en plus, ils ont appris en jouant et en explorant, tout est gagné.
Finalement, Ateliers Amasco est une belle opportunité de mettre en œuvre ces « vacances apprenantes » tout en permettant cette continuité éducative qu’un grand nombre d’acteurs souhaite voir se concrétiser.
En permettant aux enseignants, aux éducateurs et aux familles de coopérer dans un cadre commun, leurs ateliers sont autant d’outils au service de la continuité des temps de l’enfant et du déploiement de véritables alliances éducatives.
Alexanne Bardet
[1] “Le rugby au service de l’éducation” dans Le sport, terrain d’éducation, David Blough pour VersLeHaut, avril 2024.