A l’initiative de VersLeHaut, une quarantaine d’organisations et de personnalités appellent la société civile à participer au Grenelle de l’Education dans une tribune publiée aujourd’hui dans le journal La Croix.
Saisissons l’occasion du Grenelle de l’Éducation
Après l’assassinat odieux de Samuel Paty, la Nation s’est rassemblée pour exprimer son soutien au corps enseignant. Ce soutien est indispensable ! Il ne doit pas s’arrêter à une cérémonie d’hommage. Mobilisons-nous pour que les professeurs retrouvent une juste reconnaissance dans notre société. Plus que jamais, nous avons besoin de femmes et d’hommes qui prennent la relève et s’engagent avec passion auprès des jeunes générations pour leur transmettre les trésors du passé et le goût de l’avenir.
Or nous faisons face à une « crise des vocations éducatives ». Même si les Français ont une bonne image de leurs enseignants, beaucoup de professeurs se sentent dévalorisés et isolés, et l’on peine à recruter dans plusieurs académies et disciplines. De façon plus générale, on perçoit les limites d’une formation et d’un mode de travail qui n’ont pas suffisamment évolué. A cause de blocages structurels, nous ne permettons pas aux éducateurs de déployer tous leurs talents au service des jeunes et des familles.
Le Gouvernement ouvre un Grenelle de l’Éducation, afin de revaloriser le métier d’enseignant. Au-delà de la question salariale, l’objectif annoncé par le ministre de l’Éducation nationale est « une transformation profonde de notre système éducatif ». En présentant l’initiative, il a prononcé cette formule : « Des maîtres heureux, ce sont des élèves heureux ». Il est important de rappeler cette évidence : l’éducation est d’abord une relation. Les réformes de l’École n’auront aucun impact si nous ne sommes pas capables d’attirer et de fidéliser dans nos établissements scolaires des professionnels motivés, bien formés et valorisés.
Le sort des enseignants nous concerne tous. Il est bon que ce Grenelle de l’Éducation s’ouvre à toutes les composantes de la société civile, pour manifester notre reconnaissance au corps enseignant, l’enjeu que représente ce métier pour toute la Nation, et notre aspiration à un changement profond.
Le drame récent nous a tous fait prendre conscience qu’il ne fallait pas laisser nos enseignants seuls en première ligne. Avec le premier confinement, confrontées aux difficultés pour accompagner leurs enfants dans leurs apprentissages, bien des familles ont mesuré à quel point l’enseignement est un métier aussi exigeant qu’essentiel. Prenons appui sur cette prise de conscience pour ouvrir le débat à tous les citoyens, en commençant par les jeunes et les parents. La situation des enseignants dépend d’un choix de société. Quelles décisions sommes-nous prêts à prendre collectivement pour revaloriser fortement ces métiers et les faire évoluer ? Comment créer des alliances éducatives solides entre l’École et le reste de la société ? Comment valoriser tout ce travail décisif qui a lieu en plus des heures de cours, de préparation et de correction : le lien avec les familles, le conseil personnalisé aux élèves, la collaboration autour d’un projet éducatif partagé, la formation continue, l’appui à l’orientation ? Par ailleurs, l’attractivité de l’enseignement dépend beaucoup du regard que portent les Français sur ce métier : qu’en disons-nous lors de nos repas en famille ? Encourageons-nous nos enfants dans cette voie ?
Demandé par le think tank VersLeHaut depuis 2017, ce Grenelle de l’Éducation est une occasion à saisir, à l’image des États Généraux de l’Éducation qui ont été lancés en novembre 2019 par plus de 70 acteurs éducatifs de tous horizons. Portée par la société civile, cette démarche citoyenne mobilise dans toute la France acteurs éducatifs, jeunes, parents, représentants de l’État et de collectivités locales, entreprises, syndicats. Ensemble, ils préparent une Charte de l’éducation qui exprimera les fondamentaux que nous voulons pour l’éducation et qui, comme la Charte de l’environnement, pourrait être adossée à la Constitution. Ils construisent aussi des propositions ambitieuses qui seront présentées aux pouvoirs publics le 12 juin 2021. Une conviction anime ceux qui s’engagent dans cette démarche : face à l’ampleur des défis éducatifs, personne ne détient seul la réponse.
Dans cet esprit, la société civile doit contribuer largement au Grenelle de l’Éducation. Sortons des traditionnelles négociations à huis-clos pour mobiliser l’ensemble du corps social et poser les bases d’une refonte d’ampleur du système éducatif. Cela demandera aux citoyens d’apprécier l’effort à réaliser pour le plus efficace des investissements, particulièrement en temps de crise : l’éducation. Assumons chacun notre part de responsabilité : nous sommes tous éducateurs, et passionnés d’éducation !
Premiers signataires : Marie-Andrée Blanc, présidente de l’Unaf, Marie Derain de Vaucresson, Défenseure des enfants 2011/2014, Catherine Gueguen, pédiatre, Isabelle Moret, directrice générale de SOS Villages d’Enfants, Philippe Oddou, directeur général de Sport dans la ville, Patrick Pouyanné, président d’Alliance pour l’éducation – United Way, Anne Raynaud, directrice générale de l’Institut de la Parentalité, Pascal Ruffenach, président du directoire de Bayard, Abdelhak Sahli, président des Scouts Musulmans de France, Dominique de Saint Mars, auteure, Jean-Marc Sauvé, président d’Apprentis d’Auteuil, Pierre Tapie, président de VersLeHaut…