La 7ème et dernière étape des Etats Généraux de l’Education a eu lieu mercredi 10 mars. La journée de co-construction portait sur le thème : « Comment améliorer la gouvernance du système éducatif ? »
Les ateliers ont eu lieu en visioconférence, et les participants ont pu échanger sur la prise de décision du système éducatif dans toute la diversité de ses problématiques : Comment articuler des alliances éducatives ? Quelle décentralisation ? Quel rôle pour les chefs d’établissement ? Comment intégrer les parents aux décisions éducatives ? Comment ouvrir l’école aux autres éducateurs ?
Les intervenants venaient de tous horizons : associations familiales, entreprises, proviseurs, professeurs, parents, jeunes, associations et mouvements de jeunesse…
Ensemble, ils ont émis 6 propositions, parmi lesquelles :
- Créer un nouveau référentiel d’accompagnement
- Réaliser l’ambition éducative nationale par des stratégies territoriales, au service de la justice.
- Faire des établissements la clé de voûte du système scolaire : des unités scolaires plus grandes, plus autonomes et plus efficientes
- Co-construire des projets concrets pour matérialiser l’alliance éducative.
La thématique a beaucoup inspiré les groupes de travail, qui ont salué la « richesse des débats qui ont eu lieu aujourd’hui », et ont pu apprécié « une rencontre très positive et très prometteuse ».
La soirée publique était quant à elle dédiée à la Charte de l’Education, avec l’intervention d’experts pour présenter chacun des treize articles du projet de Charte :
- Eric Charbonnier, analyste éducation à l’OCDE, a placé la Charte de l’Education dans son contexte international, en soulignant la tendance mondiale d’orientation des politiques publiques éducatives vers la personnalisation de l’éducation, l’égalité des chances mais également la créativité, l’épanouissement et le bien-être pour former des citoyens éclairés qui pourront trouver des solutions aux problèmes que notre génération ne parvient pas à résoudre.
- Eric Delemar, défenseur des droits auprès des enfants, a présenté l’article 1, dédié au droit à l’éducation. Après avoir expliqué être lui-même régulièrement saisi pour des difficultés d’accès à l’éducation, il a rappelé les articles de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant également consacrés à ce droit à l’éducation. Malgré ce premier traité auquel la France s’est engagée, 100 000 enfants sont encore privés d’éducation en France, ce qui traduit un besoin de faire encore plus pour ce sujet.
- L’article 2, consacré au rôle des parents dans l’éducation, a été commenté et amendé par Dr Anne Raynaud, Présidente de la Fédération des praticiens de la parentalité. Elle a rappelé les besoins de sécurité affective de l’enfant, qui confient aux parents de grandes responsabilités dans l’éducation de leurs enfants. Les parents doivent être soutenus et informés, et s’inscrivent dans une chaine de sécurité, dont le rôle de chaque acteur doit être précisé par cet article.
- Edouard Durand, juge des enfants, a présenté l’article 3, qui souligne le rôle de chacun dans l’éducation d’un enfant. Il a rappelé que la vulnérabilité des enfants, ainsi que ce qu’Hannah Arendt appelle la continuité du monde, nous rendent responsables de l’éducation de nos enfants, qui feront le monde de demain.
- L’article 4, dédié à la reconnaissance des éducateurs et des enseignants, a été présenté par Florence Rizzo, co-fondatrice du SynLab, association qui accompagne les enseignants dans leur rôle. Son amendement propose de souligner l’importance de la formation continue, et notamment la formation pédagogique, pour laquelle les professeurs expriment un fort besoin.
- L’article 5, sur le principe de réparation des dommages aux jeunes générations a été présenté par Marc Vannesson, Délégué Général de VersLeHaut, qui a souligné les avis mitigés des participants aux différentes étapes des Etats Généraux de l’Education sur cet article.
- Dr Catherine Gueguen, auteure et pédiatre, a appuyé l’importance de l’article 6, sur le besoin de prendre en compte la multi dimensionnalité de l’éducation. Cet article pourrait se traduire par des formations sur le développement de l’enfant et de l’adolescent à destination de tous les acteurs qui les entourent.
- L’article 7 propose de rendre les politiques publiques éducatives attentives à la petite enfance et à l’inclusion de tous. Il a été présenté par Mounir Satouri, eurodéputé EELV, qui a rappelé l’adoption du socle européen des droits sociaux et le chemin qu’il reste à faire dans l’éducation pour que les prochaines générations favorisent l’égalité des chances et l’inclusion de tous.
- David Groison, rédacteur en chef de Phosphore, magazine dédié aux lycéens, avait la charge de l’article 8, qui énonce le droit d’accès à l’information lié à l’éducation et à l’orientation. Il a souligné le manque de formation et l’inégalité territoriale des professionnels en charge de délivrer ces informations aux jeunes.
- Pascale Haag, chercheuse à l’EHESS et co-fondatrice du LabSchool, une école qui propose un modèle alliant éducation et recherche dans la pédagogie et le projet d’établissement, a présenté l’article 9. Cet article vise à systématiser le pont entre la recherche et la pratique éducative, Pascale Haag a présenté une façon pour la recherche d’intégrer les classes, par l’application des concepts académiques par les professeurs eux-mêmes.
- Romain, lycéen, a présenté l’article 10, visant à rendre l’enfant acteur de son éducation. Après avoir recueilli les avis d’autres jeunes de son entourage, il souligne la volonté de ses camarades et lui-même d’être consultés sur leur orientation, Parcoursup et la réforme du bac notamment.
- L’article 11 dédié à l’éducation à la citoyenneté a été présenté par Mathilde, lycéenne qui a décrit ce que son engagement auprès de la Croix Rouge lui a apporté.
- L’article suivant était consacré à la gouvernance du système éducatif, qu’Alain Bouvier, ancien recteur et professeur associé à l’Université de Sherbrooke, a amendé pour prendre en compte la multiplicité des parties prenantes dans la définition des politiques publiques et l’encouragement au développement de liens horizontaux entre les acteurs éducatifs.
- Le dernier article portait sur l’évaluation des politiques éducatives. Ilana Cicurel, eurodéputée du groupe Renew, a pu souligner l’état des lieux de l’évaluation des actions éducatives, notamment la création du Conseil d’Evaluation de l’Ecole, qui consiste en outils d’auto-évaluation de son établissement scolaire. Cependant, l’Europe a encore des progrès à faire en ce qui concerne les fondements scientifiques des outils d’évaluation, encore trop peu objectifs.
Vous pouvez retrouver le replay de cette soirée publique :