Dans une chronique réalisée en partenariat avec l’application ludo-éducative Bayam, nous répondons aux questions que vous pouvez vous poser en lien avec l’éducation de vos enfants, élèves, petits-enfants… Cette semaine, Bérengère Wallaert, chargée d’études pour VersLeHaut, s’intéresse aux apports de la nature dans l’éducation des enfants.
Et si l’école se faisait avec et dans la nature ? Cette nouvelle chronique, réalisée en partenariat avec le think tank de la jeunesse et de l’éducation VersLeHaut, explore les bienfaits de la nature dans l’éducation des enfants. Cette semaine, Bérengère Wallaert met en lumière le fonctionnement de la classe forêt.
Alors que les cours d’école des villes sont goudronnées, que tout est fait pour que les enfants ne se blessent pas et, si possible évitent de trop se salir, des éducateurs ont compris tout le potentiel pédagogique qu’offre la nature. En voici quelques exemples, parmi tant d’autres…
• Grimper dans les arbres et développer sa motricité, tester la résistance des matériaux éventuellement la chute des corps.
• Gratter la terre et découvrir la modification des matériaux au contact de l’eau, la variété de la composition du sol, la vie qui s’y cache.
• Cueillir des herbes odorantes qui sifflent et qui coupent, inventer des parfums repoussants.
• Construire des cabanes, mesurer les tailles de bâtons, l’équilibre des édifices, tester la perméabilité des feuilles, observer le chemin de l’eau.
• Voir des fourmis, découvrir les liens du vivant, son indépendance et sa fragilité aussi, exercer sa motricité fine…
La vie dans la nature est une école en soi, en 4D, qui remplit l’esprit, en éveillant la curiosité tout en réjouissant le cœur et le corps.
De la classe verte…
Dès 1959, le Dr Max Fourestier emmène sa classe de Vanves (en banlieue parisienne) en “ classe de forêt”, idée qui se diffusera rapidement dans toute la France sous le nom de “classes vertes”, que nous connaissons toujours aujourd’hui. Mais certains proposent une démarche beaucoup plus radicale pour laisser les enfants s’ébrouer dans la nature : supprimer les salles de classe, pour accueillir les élèves dehors.
…à la classe forêt
Dans la classe-forêt, l’enfant apprend dans et par la nature, guidé avant tout par sa curiosité. Il ne s’agit pas de reproduire exactement un enseignement classique hors les murs, mais d’utiliser l’environnement naturel comme support pédagogique.
L’enseignant.e a davantage un rôle de facilitateur.trice de l’apprentissage, même si elle propose aussi des activités, avec des objectifs précis à atteindre. L’école en forêt, le Danemark l’a expérimentée dès 1950, suivie par l’Allemagne en 1968, le Royaume-Uni, les États-Unis… La France commence à l’expérimenter depuis 2018.
On a observé des bénéfices particuliers à cette approche, par exemple le fait d’augmenter les capacités d’attention des élèves, en particulier ceux souffrant d’un trouble de l’attention, ou de baisser le niveau de stress des adolescents.
Cette démarche nécessite quelques accommodements, par exemple un plus grand nombre d’encadrants, 2 ou 3 par classe pour éviter le risque d’égarement et renforcer la surveillance face aux éventuels dangers de la vie en plein air. Mais les intempéries, elles, ne semblent pas être un obstacle, plutôt une nouvelle façon d’apprendre !
Rendre plus présente la nature dans la vie des élèves
Sans aller jusque-là, il existe depuis plusieurs années des initiatives pour rendre plus présente la nature dans la vie des élèves. Par exemple, la Fédération Nationale des Communes Forestières propose de sensibiliser les plus jeunes aux fonctions essentielles de la forêt, ainsi qu’à sa préservation et sa gestion, en organisant des ateliers pour apprendre à gérer durablement une parcelle.
Et pour ceux qui habitent loin des espaces naturels, pourquoi ne pas importer les forêts dans les écoles ?
C’est l’idée de la re-végétalisation des cours de récréation. Avoir un espace de nature, pour retrouver ce contact à la nature, permet aussi d’appréhender les saisons avec ses transformations. En regardant pousser des légumes dans les potagers, les enfants tissent également un lien différent avec l’alimentation. On ne jette pas facilement une tomate qu’on a cueillie après l’avoir longuement arrosée et attendue !
Par ailleurs, les météorologues ont mesuré que les cours goudronnées étaient l’essentiel des îlots de chaleur des villes. Les re-végétaliser permettrait aussi de lutter contre les canicules en milieu urbain.
Et il est probable que ces enfants ayant grandi au milieu de la nature sachent mieux que quiconque la connaître et la respecter, et permettre à cette génération de relever le défi de sa préservation.