©Glénat ©Shueisha

Le très attendu 100e tome du manga One Piece, édité par Glénat, sort ce mercredi 8 décembre.

L’œuvre fleuve du mangaka Eiichirô Oda continue de battre des records de vente, au Japon comme en France.
Les mangas sont en pleine croissance et sont devenus en quelques décennies un phénomène de société en France.

À l’heure où leur public se compose majoritairement de jeunes, lumière sur un phénomène d’édition et d’éducation.

Les mangas rassemblent une catégorie de population diverse, dominée par la jeunesse.

Les termes japonais shônen et shôjo (respectivement “jeune garçon” “jeune fille”) désignent des catégories de manga à destination d’un public spécifique, de jeunes garçons et de jeunes filles. Ces définitions viennent avec des codes spécifiques, ainsi que des stratégies marketing ciblées, qui attirent les publics jeunes vers certains types de mangas.
La récente généralisation du “Pass Culture”est venue mettre en lumière la relation forte nouée entre les jeunes Français et les mangas. Le dispositif a très vite été surnommé “Pass Manga” par la presse et certaines personnalités politiques, au vu de l’utilisation faite par nombre de jeunes de 18 ans de l’enveloppe allouée. Quand les ressources financières sont là , le manga est un des produits culturels les plus prisés par la jeunesse.

Mais la jeunesse n’est pas la seule à profiter de ce support, qui parfois n’est pas adapté à tous les âges. En diversifiant leur offre d’auteurs et d’œuvres, les maisons d’édition ont permis d’élargir le public du marché français du manga, le plaçant en deuxième position, derrière le Japon : 42% des ventes de BD en France en 2020 sont des mangas, selon l’institut GfK.

Alors, qu’est-ce-que les mangas apprennent à leur public ?

Les clichés et préjugés concernant les lecteurs de manga ne faiblissent pas, comme ont montré les critiques de l’utilisation du Pass Culture par la presse et les personnalités politiques.
Cependant, raconter des histoires est crucial pour faire grandir des enfants et faire réfléchir des jeunes adultes encore en construction. Différencier les consommateurs de manga est important, car cette forme d’art est souvent une représentation des générations.

Les shônen et shôjo sont pour les “jeunes”, mais il existe aussi des catégories pensées pour des publics plus mûrs : les seinen et les josei (respectivement “jeune homme” et “femme”). Elles sont destinées aux adultes et aux jeunes adultes, car les auteurs peuvent aborder des sujets de société de manière libre, voire crue. Ces sujets vont du handicap (REAL, de Takehiko Inoue) aux violences physiques et sexuelles faites aux femmes (En proie au silence, de Akane Torikai).

Ces thématiques sont aussi explorées dans les shônen et les shôjo, mais elles sont intégrées dans des univers et des histoires propres à certaines œuvres. On retrouve ainsi dans les mangas les plus connus des concepts comme le racisme et la domination sociale (One Piece, dans l’arc des hommes-poissons notamment), l’exclusion sociale et la discrimination (Naruto, de Masashi Kishimoto) ou encore la justice (Death Note, de Tsugumi Ôba et Takeshi Obata).
Ces monuments de l’industrie du manga transmettent des valeurs fondamentales et communes à de nombreux héros : l’importance de l’amitié et du collectif, le dépassement de soi et le courage de se confronter à des obstacles pour les surmonter.

Les mangas offrent donc un point de vue culturel différent sur des questions fondamentales pour une jeunesse appelée à vivre dans une société pleine de défis.

On peut retrouver ces valeurs de solidarité et de collectif sous différentes formes, notamment dans les mangas de sport (Slam Dunk de Takehiko Inoue ou Haikyuu! de Haruichi Furudate, pour ne citer qu’eux), mais ils sont particulièrement présents dans One Piece, cité plus haut : L’équipage du chapeau de paille est appréhendé comme un personnage principal au même titre que ses membres. Chacun travaille individuellement pour gagner en force et faire progresser l’équipage, dans le but de franchir des obstacles toujours plus exigeants et atteindre le but ultime de son capitaine : devenir le Roi des Pirates.

Les mangas offrent donc à leurs jeunes lecteurs bien plus que le simple plaisir de la lecture d’une intrigue bien ficelée. Grâce à un “regard éloigné”, ils offrent des récits initiatiques qui font profondément écho aux aspirations et aux défis de la jeunesse, en mettant souvent la solidarité et la responsabilité commune au cœur des solutions

 

Mathieu FRECHE
Chargé de communication

De gauche à droite : les mangas Haikyuu!, REAL et One Piece. ©Shueisha
(L’image de couverture est la propriété de son auteur, yusuke murata)