Question d’enfants / réponse des candidats à l’élection présidentielle en partenariat avec 1jour1actu
Une classe de CM1/CM2 (Nord) : Quelles mesures voudriez-vous mettre en place pour aider les élèves à apprendre ?
Anne Hidalgo : Pour préparer nos enfants au monde dans lequel ils vivront, l’école doit être au rendez-vous par de nouvelles pédagogies : apprendre par la pratique, apprendre à apprendre, apprendre à coopérer, apprendre dans son environnement, dans la nature, dans sa commune, apprendre les nouveaux langages du numérique, apprendre à s’informer…
Des états généraux de la pédagogie seront organisés en 2022 pour s’inspirer des enseignants qui innovent pour une école ouverte aux nouvelles pédagogies plus inclusives et collaboratives, et permettre leur diffusion.
Une classe de CM1/CM2 (Vendée) : Pourquoi porter l’uniforme à l’école ?
Marine Le Pen : J’envisage en effet de rendre obligatoire le port d’une tenue uniforme à l’école et au collège. Il ne s’agit pour moi ni d’une tenue de facture militaire, ni d’une blouse grise comme en portaient nos grands-parents ou arrière-grands-parents sur les bancs de l’école publique d’autrefois. Je précise que je ne pense pas non plus qu’il doive s’agir d’une tenue uniforme nationale.
Mon idée est la suivante : les tenues vestimentaires de nos écoliers et collégiens sont trop souvent des « marqueurs » sociaux où s’exposent le niveau et le rang social des parents de nos élèves. Ceci heurte mon sens de l’égalité devant l’école. Celle-ci ne reconnait ni classes sociales, ni origines ethniques ou culturelles. Elle ne connaît que des enfants et les considère comme des « élèves » qu’elle conduit sur le chemin de la maturité et de la liberté de pensée. Il n’y pas à mes yeux de raison valable pour que des distinctions sociales s’imposent dans nos écoles fût-ce par le biais vestimentaire. Ma proposition sera donc de rendre une tenue scolaire uniforme obligatoire. Cette tenue (été, hiver, sport) sera définie par le conseil d’école ou le conseil d’administration du collège. Je suis certaine que les élèves seront fiers de porter les couleurs de leur école où de leur établissement.
Une classe de CE2 (Rhône) : Pourrons-nous enlever le masque à l’école pour toujours ?
Emmanuel Macron : Je ne peux pas vous le promettre. Depuis le début de l’épidémie le gouvernement s’est conformé aux recommandations des autorités sanitaires. Il leur revient de nous dire, en cas de reprise épidémique, si le port du masque à l’école doit être rétabli pour freiner la progression du virus.
Une classe de CM1/CM2 (Nord) : Allez-vous changer l’éducation dans d’autres pays plus pauvres que le nôtre ?
Jean-Luc Mélenchon : L’aide publique consacrée au développement sera augmentée (à 0,7% du RNB, ce qui représente 6 milliards d’Euros), et son utilisation sera décidée avec les sociétés locales pour que cela profite à l’amélioration des droits humains, notamment le droit à l’éducation, plutôt qu’aux intérêts des oligarchies et des grandes entreprises multinationales. Les accords de libre-échange, qui fragilisent les économies locales, seront abandonnés, ce qui permettra de lutter contre la pauvreté des pays les plus pauvres et de leur permettre d’investir dans l’éducation, qui est un élément central de leur développement.
Une classe de CM2 (Calvados) : Aura-t-on des stages avant la classe de troisième ?
Valérie Pécresse : Je n’imposerai rien, car il s’agit d’enfants encore jeunes et il revient aux parents de savoir si c’est une bonne idée pour leur enfant, mais je suis très favorable à ce que les jeunes collégiens aient la possibilité de faire des stages en entreprise ou dans des associations dès avant la classe de 3e. J’ai proposé de rendre l’apprentissage possible dès l’âge de 14 ans, et dans le même esprit je pense que des stages dès le début du collège peuvent avoir un effet bénéfique. Je ferai en sorte de rendre cela possible et je l’encouragerai, dans le cadre de l’autonomie laissée aux équipes éducatives.
Zakariyya (10 ans) : Que pouvez-vous entreprendre pour que tous les enfants, quels que soient leurs handicaps, puissent suivre leur apprentissage en classe ordinaire ?
Éric Zemmour : Chaque enfant est un cas particulier. Tous les enfants, comme le savent bien les parents, les professeurs et les spécialistes du handicap, ne peuvent trouver profit à suivre leur apprentissage dans une classe ordinaire. Si la politique de l’inclusion scolaire offre à 420000 élèves en situation de handicap la possibilité́ d’être scolarisés en milieu ordinaire et permet l’épanouissement de nombre d’entre eux, pour d’autres, l’école ordinaire peut être un enfer. La présence en nombre insuffisant d’AESH qui sont au nombre de 120000 n’est pas une panacée. De plus, malgré́ toute leur bonne volonté́, les enseignants sont très souvent démunis pour gérer des problèmes pour lesquels ils n’ont pas été formés.
Il faudrait éviter de reproduire les erreurs commises avec le collège unique au nom de la prétendue égalité des chances. Tous les enfants sont différents et il est nécessaire d’avoir des dispositifs différenciés.
Alors même que le gouvernement promeut l’inclusion scolaire, un rapport d’information émanant de l’Assemblée nationale de 2021, relatif à la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête sur l’inclusion des élèves handicapés de 2019, note « qu’il n’existe toujours pas, aujourd’hui, d’outil statistique formalisé hors du champ du médico-social ». La remontée d’informations relatives aux élèves sans solution s’effectue par sollicitations ponctuelles, notamment en amont des rentrées scolaires, sans qu’un système structuré n’ait été mis en place. Ainsi, faute d’outils statistiques nous ne connaissons pas avec exactitude le nombre d’élèves handicapés sans solution d’accompagnement malgré́ une notification de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH).
Je propose donc :
- de développer les établissements médico-sociaux sur tout le territoire pour donner à chaque élève la possibilité́ d’étudier en milieu spécialisé.
- de recruter 50000 accompagnants d’élèves en situation de handicap sur le quinquennat ce qui revient à 10000 recrutements par an contre près de 7000 actuellement.
Enfin, un rapport de 2017 émanant de la médiatrice de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur a révélé que seuls 20 % des élèves en situation de handicap poursuivent leurs études après le bac contre 62 % pour les élèves non handicapés. C’est pourquoi nous étendrons le dispositif des AESH à l’Université afin de permettre aux élèves de poursuivre leurs études et aux étudiants handicapés de réussir, car la situation actuelle n’est pas satisfaisante et profondément injuste.