Les enfants et adolescents sont exposés de plus en plus jeunes à des films ou des vidéos violentes ou pornographiques. Or ceux-ci peuvent provoquer chez l’enfant un stress émotionnel fort (angoisse, peur, colère, dégoût…). Alors comment les prémunir contre les images choquantes ?
Une exposition de plus en plus précoce
Selon le Centre de Ressources sur la non-violence, les enfants peuvent être exposés à plus de 12 000 actes de violence par an, avec des images de plus en plus réalistes et crues.
Les jeux vidéo, les films et les informations partagées sur les plateformes montrent des scènes qui ne sont pas calibrées pour des enfants. Elles peuvent être violentes ou les heurter de multiples façons. En principe, la loi encadre la diffusion de ces contenus. Mais l’enfant a en réalité accès à quasiment tous les éléments disponibles avec les smartphones, en particulier si un solide contrôle parental n’a pas été installé.
On estime par exemple qu’environ un enfant sur dix de moins de 11 ans a déjà eu accès à des contenus pornographiques. Des films tels que Harry Potter ou Hunger Games, qui ont été conçus pour des adolescents, sont visionnés par des enfants même très jeunes.
Les problématiques de la violence en images
Les enfants ont toujours eu accès à des images difficiles. Un film comme Bambi en a effrayé un certain nombre comprenant que la mère du petit faon était morte, tuée par un chasseur. Les fictions sont le reflet de la dureté de la vie et ses émotions intenses. Les affronter est une façon de se préparer face à l’adversité. Mais toutes les images ne se valent pas.
“C’est l’intensité de la jouissance que le héros a tirée de sa violence que l’enfant retient…”
Le psychiatre Serge Tisseron[1] attire l’attention sur le fait que, au-delà des souffrances racontées, ce qui rend la violence problématique pour les plus jeunes, c’est lorsqu’elle semble donner de la satisfaction à celui qui l’exerce, même si l’histoire “punit” ensuite le fauteur de troubles : “C’est l’intensité de la jouissance que le héros a tirée de sa violence que l’enfant retient, et c’est elle qui peut l’inciter à une violence proche dans sa propre vie.”
Limiter l’accès aux contenus choquants
Pour se prémunir contre l’effet de ces images, la première étape consiste à en limiter l’accès aux enfants. Il est difficile pour les parents de savoir où mettre la jauge. Pour cela le CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information) a relayé les recommandations du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) afin d’adapter le visionnage à l’âge de l’enfant :
- Avant 3 ans : pas d’écran, donc pas d’images choquantes.
- Entre 3 et 6 ans, l’enfant peut avoir du mal à différencier les scènes fictives des scènes réelles, il faut privilégier des sessions de visionnage courtes, en surveillant de près les contenus.
- Entre 6 et 10 ans, l’enfant peut commencer à analyser les images. Mais il peut être tenté de reproduire les scènes. Jusqu’à 10 ans les programmes jeunesse et tous publics sont adaptés. La signalétique est là pour aider les parents.
- Après 10 ans, il faut l’accompagner dans le choix de ses programmes, en lui apprenant à respecter sa sensibilité et ses goûts. Il est à même de comprendre qu’il peut souffrir de certains contenus. L’adolescent peut pourtant avoir envie de se confronter à des images fortes pour lesquelles il n’est pas forcément prêt émotionnellement.
L’enfant peut également être profondément heurté par des contenus qui apparaissent tout à fait innocents !
Accompagner ses enfants par le dialogue
Dans tous les cas, à tous les âges, l’enfant a besoin d’être accompagné pour prendre du recul face à ce qu’il a vu en exprimant ses émotions et en partageant ce qu’il a compris ou non. Par le dialogue, on évite que l’enfant reste avec des images dont il ne sait pas quoi faire. Il peut d’ailleurs être tenté de les faire circuler à ses camarades, en les racontant ou en les montrant, diffusant son bouleversement.
L’écoute et le dialogue avec l’adulte sont donc le rempart le plus efficace pour éviter les conséquences de cet accès à des images inadaptées.
[1] Tisseron, S. (2005). “L’enfant au risque des médias”, Enfances & Psy, 1(1), 15-22.