Dans cette troisième chronique réalisée en partenariat avec l’application ludo-éducative Bayam, nous répondons aux questions que vous pouvez vous poser en lien avec l’éducation de vos enfants, élèves, petits-enfants… Cette semaine, Bérengère Wallaert nous parle de la précocité intellectuelle : « surdoués », « à haut potentiel », « précoces », « zèbres »… Il y a plusieurs mots pour désigner les enfants qui obtiennent un Quotient Intellectuel élevé. On les imagine super-intelligents et donc très doués à l’école. Mais ce n’est pas forcément le cas. Alors comment les accompagner et prévenir le risque d’échec scolaire ?
Au préalable, soulignons que les tests qui mesurent le Quotient Intellectuel[1] ne tiennent compte que de « l’intelligence cognitive ». On pourrait dire l’intelligence du cerveau. Par exemple l’intelligence du cœur, des gestes ou de l’intuition ne sont pas du tout mesurés…
Il n’est nullement ici question de conseiller à tous les parents de faire passer à leurs enfants un test de QI. Il s’agit plutôt de leur donner des informations sur un phénomène qui n’est pas si rare que ça.
Un Quotient Intellectuel au-dessus de 130
Source : Bayam
La moyenne des résultats aux tests de QI est de 100. La grande majorité des gens se trouvent entre 85 et 115 (la partie bleue). Au-dessous de 70, on parle d’un retard mental, et à partir de 130, un enfant est considéré « précoce ». Environ 2% des enfants le sont. Cela signifie que, si vous regardez deux classes de CP, vous voyez probablement un enfant précoce. Mais ne nous y trompons pas : l’enfant précoce n’est pas forcément premier de la classe. Bien loin de là !
Il y a les enfants qui réussissent…
Certes, une partie des enfants précoces brillent à l’école et on les retrouvera en tête des concours difficiles, comme Polytechnique… Ceux-là ont un QI élevé, mais aussi un profil « scolaire », c’est-à-dire que leur comportement est bien adapté au système d’apprentissage proposé par l’école.
Ils bénéficient aussi d’un environnement favorable à l’épanouissement intellectuel : beaucoup de livres à la maison, des occasions nombreuses d’exercer leur curiosité, et aussi, c’est important de le souligner, des conditions de vie suffisamment sereines pour étudier…
Ceux qui passent inaperçu…
Une autre partie des enfants précoces passera totalement inaperçue. Leurs forces et leurs faiblesses s’équilibrent, et en font des élèves aux résultats standards.
Et ceux qui réussissent beaucoup moins
Mais il y a une troisième partie des enfants « précoces » qui se retrouvent en échec scolaire ! On le remarque surtout en fin de collège. Leur intelligence mesurée est vive, mais pas forcément adaptée au système scolaire. Par exemple, ils peuvent trouver intuitivement le résultat d’un problème de maths. Mais quant à détailler les étapes pour le démontrer, c’est une autre affaire… Et puis difficile d’être un élève sage et appliqué quand on s’ennuie, ce qui est souvent le cas quand on comprend tout très vite et avant tout le monde.
La précocité est souvent aussi le fruit d’un décalage entre des compétences différentes : on peut manier très bien les concepts mais avoir du mal à se repérer dans l’espace, ou même couper avec des ciseaux. Et la maturité est rarement à l’unisson des compétences. Donc les résultats à l’école peuvent ne pas suivre, voire être franchement médiocres.
Lorsqu’un enfant semble d’une grande vivacité d’esprit lorsqu’il joue, mais présente des difficultés à l’école, la question mérite de se poser. On peut aller voir un(e) psychologue spécialisé(e). L’enfant passera des tests qui mesureront bien sûr son QI, mais qui définiront surtout son profil intellectuel, ce qui permettra de mieux comprendre son fonctionnement, et donc ses difficultés.
“Pour l’enfant en échec scolaire, savoir qu’il a de vraies compétences permet souvent de lui redonner confiance en lui et parfois de débloquer une situation difficile.”
Autant de profils que d’enfants
On peut souligner aussi que beaucoup d’enfants précoces partagent certaines caractéristiques : une grande sensibilité avec, en particulier, un sens aigu de l’injustice (pour lui-même et pour les autres), une facilité à être en lien avec des adultes, et parfois l’hyper développement de certains sens. Comme par exemple, un odorat très développé, une sensation de toucher réactif, les vêtements qui lui « font mal »…
C’est pourquoi la psychologue Jeanne Siaud-Facchin[2], spécialiste de ce sujet, a pu préciser :
“Ce sont des enfants dont l’intelligence n’est pas seulement différente en termes de QI, mais aussi en termes d’organisation et d’émotions.”
Mais bien entendu, il y a autant de profils que d’enfants !
Et malgré ses raisonnements élaborés, n’oublions pas qu’un enfant précoce n’est absolument pas un petit adulte ! Il a besoin d’un cadre rassurant et de règles claires et cohérentes. Avant d’être précoce, c’est d’abord un enfant.
[1] Un des tests de QI les plus pratiqués est le WISC. Il permet de déterminer le quotient intellectuel (QI) de l’enfant ou de l’adolescent, d’obtenir son profil cognitif complet ainsi que le niveau des 5 composantes principales de l’intelligence cognitive : la compréhension verbale, les compétences visuo-Spatiale, le raisonnement fluide, la mémoire de travail, et la vitesse de traitement.
[2] Psychologue clinicienne spécialiste, auteure de « L’enfant surdoué, l’aider à grandir, l’aider à réussir », Éd. Odile Jacob, 2002, 2008