Portés conjointement par l’Éducation nationale et les régions, labellisés par l’État, les Campus des Métiers et des Qualifications (CMQ) constituent une forme inédite de de fédérations d’acteurs (entreprises, CFA, universités, associations…) autour d’une filière professionnelle.

Ce label – CMQ – rassemble sur un territoire donné des établissements d’enseignement secondaire et supérieur, des organismes de formation continue, des laboratoires de recherche et des entreprises. On en compte plus d’une centaine aujourd’hui.

repères
¤ Ce label a été créé par décret du 29 septembre 2014.
¤ En France, plus de 650 000 élèves sont formés dans la filière professionnelle, du CAP au Baccalauréat professionnel.
¤ Plus de six jeunes sur dix passés par une entreprise de proximité y travaillent dès leur 1er emploi (Céreq, 2024)

Quatre objectifs au service des métiers

  1. Adapter les formations aux besoins économiques : en anticipant les mutations du marché du travail, comme la transition écologique ou la numérisation des métiers.
  2. Favoriser l’innovation pédagogique : en intégrant des outils modernes tels que la réalité virtuelle ou des simulateurs pour la formation par le geste.
  3. Renforcer l’attractivité des filières professionnelles : par des actions d’orientation et des événements promotionnels (hackathons, concours).
  4. Faciliter l’insertion professionnelle des jeunes : en créant des passerelles entre les niveaux scolaires et en impliquant activement les entreprises.

Une gouvernance en réseau qui décloisonne les formations et filières

Les CMQ se multiplient depuis 2013 sur toute la France. En Île-de-France, par exemple, 11 campus couvrent des secteurs stratégiques tels que la construction, l’industrie ou encore le numérique.

Ce consortium décloisonne les barrières institutionnelles. Doublé d’une labellisation, il permet aussi de répondre communément à des appels à projets (à l’instar des cordées de la réussite). Les CMQ sont labellisés pour trois ou cinq ans, ce qui garantit une dynamique d’amélioration continue.

Aussi et surtout, les CMQ permettent la mise en place de projets ambitieux réunissant des jeunes de tous les âges et toutes les formations dans un même domaine.

Un cadre d’apprentissage fondé sur la cohésion et l’innovation

Les CMQ portent une forme de pédagogie propre à ce fonctionnement en consortium, qui se définit de deux manières :

  • D’une part, l’apprentissage des métiers d’un secteur est abordé par un prisme particulier, qui recoupe un enjeu d’actualité, comme l’innovation ou l’adaptation aux normes environnementales. Le CMQ Construction durable en Île-de-France intègre par exemple dans ses projets des formations spécifiques aux matériaux écologiques et à la gestion des déchets. Sans proposer de nouveau diplôme, il apporte ainsi, en accord avec l’inspecteur, une forme de spécialisation.
  • D’autre part, des modalités d’apprentissage collaboratives et inter-niveaux sont mises en place. Au sein du même CMQ, des élèves de CAP, Bac Pro, BTS* et IUT* collaborent sur des objets communs par des “travaux tutorés” ou “hackathons” qui les ont récemment amenés à se réunir sur la conception et la réalisation de structures en béton. Ces travaux pratiques sont souvent évalués devant des jurys incluant des professionnels, renforçant ainsi l’ancrage dans la réalité économique. Les élèves gagnent ainsi en technicité, mais aussi en humilité et en compétences humaines.

Une dynamique d’attractivité et d’insertion

Les CMQ développent des initiatives pour faire découvrir les métiers dès la 4e. Ils organisent des rencontres directes avec des entreprises et des accélérateurs d’innovation, simplifiant ainsi les démarches de recrutement. En outre, les enseignants sont formés pour suivre les évolutions technologiques et accompagner leurs élèves vers des secteurs en forte demande. Par exemple, les campus de la filière BTP organisent des journées de recrutement et des ateliers pour sensibiliser les jeunes aux métiers en tension. Ils permettent également aux enseignants d’intégrer des modules sur les nouvelles technologies dans leurs cours.

Les CMQ favorisent le dialogue entre établissements de formations et les passerelles sur l’ensemble du territoire.

Ils permettent aussi aux parents d’élèves d’élargir leurs horizons. Voués à s’agrandir sur l’ensemble de la région, les CMQ favorisent le dialogue entre établissements de formations et les passerelles sur l’ensemble du territoire.

Un outil clé pour la réforme de la formation professionnelle

Dans le cadre de la réforme du lycée professionnel, les CMQ apparaissent comme des laboratoires d’expérimentation et des leviers d’attractivité pour moderniser la formation. Le défi pour les années à venir reste de pérenniser et d’élargir ces dispositifs, tout en assurant leur lisibilité auprès des jeunes et des familles. Parce qu’ils décloisonnent le fonctionnement des filières dans l’infra-bac et le supérieur ce sont aujourd’hui des OVNI administratifs, dont l’intérêt est évident pour les personnes de l’éducation mais qui souffrent de lisibilité – et parfois d’opérationnalité.

Pour renforcer leur attractivité, les CMQ cherchent en particulier à développer un sentiment d’appartenance chez les jeunes. Participer à un événement ou à un projet collectif renforce cette identification.

Les CMQ sont des laboratoires d’expérimentation et des leviers d’attractivité pour moderniser la formation en lycée pro.

Avec une montée en puissance progressive et un ancrage territorial fort, les CMQ démontrent qu’ils peuvent jouer un rôle déterminant dans l’avenir de la formation professionnelle et technologique en France.

*BTS : Brevet de Technicien Supérieur (Bac+2)
*IUT : Institut Universitaire de Technologie

Crédit photo : © Région île-de-France/Myop/Jean Larive