Stress, pression, bachotage… Le bac, ce diplôme tant redouté, est-il encore pertinent ? Et si on repensait tout ? Supprimer le bac ? Une idée radicale mais qui ouvre le débat.
Pourquoi le baccalauréat est-il si important ? Depuis mon enfance, il a toujours été présenté par mes parents comme un objectif essentiel. “Passe ton bac et après on verra” ou “tu pourras choisir l’université de ton choix une fois que tu auras ton bac”. Pourquoi nos parents accordent-ils tant d’importance à cet examen ? Ne serait-il pas plus logique de commencer à construire son projet professionnel avant de passer le bac ? Pour moi, ce moment, plein de pression, semblait une perte de temps. Plutôt que de mémoriser des textes pour les réciter à l’examen de français, je pourrais faire des choses qui me paraissent bien plus utiles pour ma future carrière.
Faut-il supprimer le baccalauréat ?
Les chiffres soulignent l’impasse dans laquelle est engagé notre système éducatif. Le taux de réussite au baccalauréat frôle les 90%, mais 60% des étudiants échouent dès la première année de licence. Parmi les bacheliers, 80% obtiennent leur diplôme, mais la moitié d’entre eux provient de filières professionnelles souvent dévalorisées. Malgré cela, 50% d’une génération obtient un diplôme de l’enseignement supérieur, avec 25% atteignant le niveau master. Cependant, le taux d’emploi des jeunes en France reste inférieur de plus de 7 points à la moyenne de l’OCDE.
Les indicateurs européens pour 2030 sont tout aussi cruels. Les jeunes Français étudient en moyenne 18 ans, de 3 à plus de 21 ans, mais leurs compétences en compréhension de l’écrit et en culture scientifique ne cessent de s’affaiblir. Par ailleurs, alors que de plus en plus d’entreprises peinent à recruter, le lien entre études et création de richesse apparaît fragile.
Réévaluer la course aux diplômes
Cette situation nous pousse à repenser la course aux diplômes qui définit notre système éducatif. Avec moins de jeunes, il est temps de mieux les accompagner, eux et leurs familles. L’enseignement supérieur est en train de changer, offrant des parcours éducatifs plus variés dès 16 ans, axés sur la responsabilité, le travail en équipe et l’expérience pratique. Des exemples comme les CEGEP canadiens, les cursus en alternance ou les programmes d’engagement sont des pistes intéressantes à explorer.
Chaque année, le baccalauréat coûte 1,5 milliards d’euros à l’État français. Cet investissement massif semble difficilement justifiable au vu de l’échec en première année post-bac. Plutôt que de consacrer ces sommes à un examen final qui ne garantit plus une réelle préparation aux études supérieures, il me paraîtrait intéressant d’investir cet argent dans des projets professionnels sur cinq ans, de 16 à 21 ans. En réorientant ces ressources, nous pourrions offrir aux jeunes des parcours éducatifs plus pertinents et mieux adaptés aux besoins du marché du travail. Et surtout offrir aux jeunes une véritable opportunité de s’épanouir dans le système éducatif.
Créer une filière professionnelle en 5 ans
Et pourquoi pas imaginer une filière où chaque année compte vraiment. La première année, les jeunes pourraient explorer leurs intérêts avec des stages, du bénévolat et des formations courtes. La deuxième année serait consacrée à la spécialisation dans un domaine choisi, suivie de formations plus poussées et du lancement d’un projet personnel. La troisième année mettrait l’accent sur le développement des compétences et le réseautage avec du mentorat, des ateliers et des conférences. La quatrième année serait dédiée au perfectionnement, avec des formations avancées et des projets collaboratifs. Enfin, la cinquième année préparerait les jeunes à la transition vers le monde professionnel avec un stage long ou une alternance, et la préparation à l’emploi ou à la création d’entreprise. Enfin, une filière où l’on a l’impression non pas de perdre du temps, mais d’en gagner !
Je pense que l’éducation doit évoluer pour mieux répondre aux besoins de chacun et de la société. Il faudrait pour ça revaloriser davantage les filières professionnelles, améliorer l’orientation des élèves et prendre en compte les compétences transversales, qui sont trop souvent mises de côté. En supprimant le bac tel qu’il existe aujourd’hui, on pourrait libérer des ressources pour créer un système éducatif plus équitable, diversifié et adapté aux défis actuels.
Marion Denis, cheffe de projet jeunesse de VersLeHaut, créatrice du podcast Jeunes&Brillants