Une formule sur-mesure pour redonner de l’ambition à l’éducation prioritaire
Il y a 5 ans les Cités Educatives sont venues prolonger les Réseaux d’éducation prioritaire. Ce nouveau concept difficile à cerner au premier abord, vise à accentuer la convergence des politiques de la ville et politiques éducatives, selon une logique participative : des règles assez souples et une gouvernance plurielle où interagissent le rectorat, la municipalité et la préfecture, le tout financé en grande majorité par les crédits politique de la ville. « Plus qu’un dispositif, [elles] constituent un cadre […] et une méthode de travail ». 200 Cités éducatives ont été circonscrites depuis.
Le diagnostic mitigé de l’INJEP
15 d’entre elles sont passées au crible d’une évaluation de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire (INJEP) en mars dernier, dont résulte un diagnostic en demi-teinte. Certes, de très nombreuses actions ont été menées, surtout en faveur des collégiens et s’inscrivant des thématiques variables (citoyenneté, sport, numérique etc), selon une logique de réponse aux besoins particuliers du territoire. Cependant, on reproche à ces actions, souvent ponctuelles et difficiles à généraliser, un certain manque de lisibilité.
Les Cités éducatives ont permis plus grande mobilisation des acteurs pour relever des défis éducatifs
Par ce caractère globalisant qui fait plancher la troïka de l’éducation (collectivité, Etat, Education nationale) sur des dossiers communs, les Cités éducatives ont pu apporter une dimension plus substantielle à certains projets et renforcer les partenariats nécessaires à leur mise en œuvre. A noter que ces projets, comme ces partenariats, préexistaient souvent à la création des Cités éducatives, mais ils ont pu par ce moyen perdurer et s’élargir.
Au bilan, de nombreuses actions ont été menées (s’appuyant sur un budget annuel moyen d’environ 12 300€), bien qu’en quantité très variable selon les territoires.
Un flou artistique qui reste contre-productif dans la gestion de ces projets
Les actions mises en place par les Cités éducatives étant pour la plupart d’entre elles extrêmement ciblées (pour 24 actions observées, la moitié touchaient moins de 46 élèves, jeunes et parents), elles sont assez peu évaluables sur leur utilité réelle, et encore moins sur le long terme. Si la plupart d’entre elles sont dû être considérées comme prioritaires en termes de réponse aux justes besoin du territoire pour être mises en place, elles sont de fait ponctuelles, et peu généralisables.
Cet effet finalement anecdotique s’explique notamment par l’usage de la méthode de « bottom up » qui veut que l’on recueille les besoins sur le terrain et que l’on outille les acteurs directement. Assez expérimentale dans le domaine public mais approprié à cette logique territorialisée, elle a été aussi bien reçue sur son principe que déstabilisante dans son application. En l’absence d’objectifs de résultats et d’indicateurs précis qui auraient fait défaut à la diversité des Cités éducatives, le bilan, relève l’INJEP, semble manquer de cohérence.
L’INJEP appelle à la priorisation et à la mesure pour que les Cités éducatives perdurent
En conséquence à ce constat, qui ne porte que sur une première génération de Cités éducatives, l’INJEP recommande une ingénierie solide, plus de temps accordé à la gouvernance et une communication massive.
Cela pourrait laisse entendre une inscription durable des Cités Educatives dans le paysage administratif. Or la territorialisation de l’éducation est souhaitable. Il faut remettre l’école au centre du village, mais à recours de moyens simplificateurs et sans ajouter, au contraire, une couche de complexité au mille-feuilles administratif des réformes éducatives. Il faut donc espérer que des moyens conséquents seront associés à cette ambition, aussi exigeante que complexe, et donneront corps à la volonté de coordination exprimée localement.
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