Environnement : peut-on éduquer à l’écologie ?
L’éco-anxiété, cette angoisse vis-à-vis de l’avenir de notre planète, perturbe aujourd’hui plus de la moitié des jeunes, dans le monde entier, France comprise. L’éducation au développement durable s’ajoute à la longue liste des grands sujets de sociétés auxquels les élèves doivent désormais être sensibilisés par des enseignants souvent dépourvus d’outils. Le système éducatif est-il prêt à se saisir de cet enjeu ?
La rentrée 2023 sous le signe de la transition écologique
Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé pour la rentrée 2023 une série de mesures visant à favoriser la transition écologique :
- La création de 300 aires éducatives fluviales. Ce seront des espaces naturels situés au bord des rivières et des fleuves qui permettront aux élèves de découvrir la biodiversité de ces milieux et de comprendre l’importance de la protection de l’eau.
- La création d’un nouveau référentiel de compétences. Il sera utilisé pour former les enseignants à l’éducation au développement durable et permettra de mieux articuler les enseignements autour de la transition écologique.
- L’organisation de nouveaux concours et prix pour les élèves sur les thèmes de l’environnement et du développement durable.
Elles s’inscrivent dans le cadre du plan climat du gouvernement, au sein duquel l’Éducation nationale joue un rôle clé pour la transition écologique puisqu’il revient principalement à ce ministère de former les citoyens de demain.
Ces nouvelles mesures doivent permettre aux élèves de mieux comprendre les enjeux environnementaux et de s’engager pour un avenir plus durable.
Les établissements scolaires n’ont cependant pas attendu les mesures gouvernementales pour agir en faveur de la transition écologique.
De multiples initiatives sont déjà en cours dans les heures de cours, lors d’ateliers ou de clubs, en projets interdisciplinaires.
Nombreux sont ceux qui ont mis en place des actions de réduction des déchets, d’économie d’énergie et de promotion des transports en commun. Sur le plan pédagogique, certains ont également développé des projets de sensibilisation par le biais de jardins scolaires ou d’ateliers de compostage – souvent en cours de Sciences et Vie de la Terre.
Des enseignants encore trop peu formés
De nombreuses études ont montré que l’éducation environnementale peut avoir un impact positif sur les comportements des élèves, notamment en ce qui concerne la réduction des déchets, la consommation d’énergie et la protection de la biodiversité ( CEREQ, 2022).
Malheureusement, les enseignants manquent de formation à l’écologie. Une enquête réalisée en 2022 par l’UNESCO a révélé que 1 enseignant sur 4 ne se sent pas prêt à enseigner les thèmes liés au développement durable.
Ce constat met en lumière une problématique récurrente dans le cadre de la formation enseignante : un manque de ressources financières, de temps et de personnel qualifié.
Une autre piste éducative est celle de l’apprentissage par l’engagement, à l’exemple du service learning, stratégie qui lie services à la communauté et éducation, dans les pays anglo-saxons. En France, le succès du Service civique montre tout l’intérêt de mieux associer le tissu associatif local au service public de l’éducation.
Des activités régulières pour la protection du patrimoine naturel et culturel local pourraient être développées. On peut également se saisir de la question environnementale dans la vie de l’établissement en impliquant davantage les élèves et leurs familles dans le fonctionnement quotidien de ces grands espaces de vie collective que constituent les écoles et les collèges.
Concernant les élèves et les étudiants, un récent rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche préconise de valoriser l’acquisition de compétences sur la transition écologique à chaque étape de la scolarité (fin d’école primaire, fin de collège, fin de lycée, fin des cycles universitaires) soit par des mentions dans les livrets scolaires, soit en le stipulant sur les diplômes.
Orienter vers les nouveaux métiers de la transition écologique ?
La transition écologique s’accompagne d’une évolution des besoins. Pour y répondre, une meilleure prise en charge de l’accompagnement à l’orientation scolaire des jeunes vers les métiers qui y répondent est nécessaire. Cela ne va pas sans l’acquisition de nouvelles compétences et de nouvelles connaissances.
En effet, la transition écologique va créer de nouveaux emplois dans de nombreux secteurs : 2 millions d’ici à 2030 selon l’ADEME, agence de la transition écologique. Par exemple, il y aura un besoin accru de profils qualifiés dans les domaines de l’énergie, de la gestion des déchets ou de la restauration de l’environnement.
Les jeunes qui s’orientent vers ces voies pourront donc bénéficier de bonnes perspectives d’emploi en plus de la satisfaction de contribuer à la protection de l’environnement et à la construction d’un avenir plus durable – aspirations désormais largement partagées.
A condition néanmoins qu’ils soient informés, consultés, accompagnés dans la construction de ces parcours professionnels nouveaux.
Les formations autour des thématiques d’écologie et d’environnement se sont récemment multipliées et le nombre de jeunes préparant un diplôme dans ce domaine a connu une hausse de 60 % entre 2008 et 2019 (SDES, 2022).
La qualité de ces formations demeure cependant inégale et ne correspond pas toujours aux aspirations des étudiants ni aux promesses d’insertion professionnelle.
Les étudiants jugent également que les propositions des établissements d’enseignement supérieur relèvent trop souvent du greenwashing : ils sont 71% à le penser selon un récent sondage (OpinionWay, juillet 2023).
L’ouverture progressive du système éducatif français aux enjeux environnementaux est bel et bien en marche. Sa capacité à rencontrer les aspirations des jeunes reste cependant à ce stade incertaine.
VersLeHaut consacre le focus de son baromètre annuel Jeunesse & Confiance à la prise en compte des enjeux environnementaux
Date de publication : novembre 2023.
Environnement : peut-on éduquer à l’écologie ?