Vivent les vacances ! C’est le cri du cœur de tous les écoliers à l’orée de ces grandes vacances d’été qui démarrent.
Mais les vacances n’ont-elles que des vertus positives ? Ne sont-elles pas aussi, malheureusement, un facteur de creusement des inégalités pour les enfants de milieux défavorisés qui se voient proposer, pendant cette période, peu d’activités stimulantes ?
C’est ce que vient de déclarer le Président de la République il y a quelques jours à Marseille. Ce constat et la réponse à y apporter, c’est ce à quoi les Ateliers Amasco s’attellent depuis déjà 5 ans.
Les vacances creusent le fossé des inégalités scolaires
Oui, nos vacances sont longues, nous mettant, avec 16 semaines dans l’année, en haut de la fourchette européenne. De plus, comme nous sommes les seuls à pratiquer la semaine de quatre jours, cela fait de nous les champions du temps hors scolaire.
Ceci permet aux enfants des milieux plutôt favorisés, des départs en vacances, des séjours à l’étranger, des visites de musée, des stages et ateliers de tous types alors que beaucoup d’enfants de familles défavorisées vont se retrouver seuls face à leur écran, et perdre les acquis des apprentissages scolaires.
Les études menées aux Etats-Unis sur le « summer learning loss » démontrent que les grandes vacances peuvent faire régresser le niveau scolaire des enfants défavorisés jusqu’à quatre mois.
La profonde inégalité des vacances vient annuler les efforts engagés par le dédoublement des classes de cp
En France, la récente étude de la Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP), à partir des données nationales sur les performances en lecture et mathématiques des enfants de fin de CP et de début de CE1, le confirme. Les écarts de performance se creusent pendant les vacances d’été pour les enfants scolarisés en REP et plus encore en REP +. Là où le dédoublement des classes a permis de stabiliser, voire de réduire légèrement les écarts par rapport aux enfants de milieux plus favorisés, les vacances continuent de renforcer les inégalités.
En résumé, comme le confinement le fut récemment, les vacances, liées aux conditions de vie des familles, sont structurellement inégalitaires.
Un collectif éducatif pour conjuguer loisirs et apprentissages
C’est pour tenter de lutter contre cette inégalité criante que les Ateliers Amasco se sont créés en 2018 dans les Hauts-de-Seine, en proposant aux enfants scolarisés en élémentaire des semaines
d’ateliers ludo-éducatifs qui mettent en œuvre une pédagogie active, positive et expérientielle fondée sur le jeu, jeu qui va permettre de développer à la fois les compétences psycho-sociales (confiance en soi, sens de la coopération…) et les savoirs de base mais aussi et surtout de (re)donner le goût de l’apprentissage. Parce que, pour apprendre, il faut en avoir envie et qu’il faut donc solliciter cette envie.
Notre objectif chez Amasco ? Renforcer les capacités des enfants à réussir à l’école, faire acquérir les codes de l’apprentissage et y prendre du plaisir.
Comment ?
D’abord, en adoptant des méthodes pédagogiques particulières : l’équipe construit, pour chaque semaine d’ateliers, un programme pédagogique différent adapté aux ressources de l’environnement.
Marier les compétences de l’animation et de l’enseignement en réponse à la diversité des besoins des enfants
Ensuite, en alliant les compétences complémentaires de l’équipe encadrante de nos ateliers : celle-ci est composée à parts égales de professeurs des écoles ou certifiés, de futurs enseignants en INSPE, et d’animateurs professionnels comme de futurs animateurs en stages BAFA. C’est la singularité d’Amasco d’avoir une équipe hybride qui marie des compétences en éducation et en animation, et construit ensemble le programme de la semaine.
Enfin, en proposant un taux d’encadrement très élevé (1 adulte pour 5 à 6 enfants contre 1 adulte pour 12 enfants en accueil de loisirs) et des groupes réduits (25 maximum) qui permettent de suivre chaque enfant de manière individuelle et bienveillante.
Des ateliers au cœur d’alliances éducatives locales
Chez Amasco, les enfants sont acteurs de leurs apprentissages et ils prennent conscience dans des activités variées (théâtre, expériences scientifiques, écriture, jeux de coopération…) de leurs talents et de leur capacité à progresser, ce qui aura un impact important sur leur appétence pour les apprentissages scolaires (lire, écrire, compter), ceux-ci n’étant pas appréhendés en tant que tels mais mobilisés en permanence et de manière « détournée » par le jeu.
La complémentarité éducative se construit en cohérence avec l’école, les parents et les acteurs éducatifs du territoire.
Trois clés de réussite sont indispensables :
1. La mise en œuvre de la continuité éducative : notre action s’inscrit dans une logique de co-éducation avec l’ensemble des acteurs engagés sur un territoire (Education
nationale, Municipalités, tissu associatif local) pour assurer la complémentarité des temps éducatifs entre temps scolaire, temps péri et extrascolaire, et temps familial.
2. L’intégration dans un écosystème local : nous travaillons toujours avec des partenaires pour répondre aux besoins spécifiques d’enfants de milieux défavorisés mais aussi d’enfants à besoins éducatifs particuliers que nous accueillons quand ils sont scolarisables. Nous agissons en complément des centres de loisirs qui accueillent des groupes d’enfants beaucoup plus importants, des stages de réussite organisés par les académies pour la remédiation scolaire ou des activités menées par nos partenaires comme le Secours catholique, Sport dans la ville ou l’Entraide scolaire amicale.
3. La participation active des parents qui sont accueillis dans les ateliers, suivent en permanence leur déroulé et se font communiquer tant par leurs enfants que par les animateurs un bilan de la semaine.
Les clés de la réussite des vacances apprenantes
Aujourd’hui, après 5 ans d’existence, les Ateliers Amasco sont présents dans 30 villes, à Paris et en Ile de France, dans le Rhône, la Loire, l’Alsace, le Loiret et l’Indre et Loire. Nous accueillons plus de 2,000 enfants par an sur quatre périodes de vacances dans des lieux prêtés par nos partenaires associatifs et municipaux, écoles, centres sociaux, maisons de quartier.
Nous avons fait évaluer les impacts de nos actions sur le plaisir d’apprendre, le sentiment de bien-être, le développement des compétences de vie des enfants. Ils ont été validés de manière très positive dans une étude réalisée l’année dernière par le SociaLab, cabinet d’études spécialisé dans l’innovation sociale et éducative.
Oui, ça marche !
Équipes pluridisciplinaires, taux d’encadrement élevé, pédagogie active, formation des intervenants et implication des parents.
Pour répondre nationalement à l’ampleur de l’enjeu qui concerne aussi bien les métropoles que les villes moyennes ou les zones rurales, il serait très souhaitable que des initiatives comme la nôtre soient soutenues sur l’ensemble du territoire pour généraliser en été des semaines de vacances apprenantes avec un accueil de proximité.
Cinq clefs de la réussite de notre point de vue : des équipes pluridisciplinaires ; un taux d’encadrement élevé ; une intégration des parents ; une pédagogie active ; et une formation structurée pour les encadrants qui puisse être valorisée dans leur parcours professionnel.
Faire de la continuité éducative un objectif de politiques publiques
Les dispositifs administratifs pour organiser ces actions existent. Ce sont les Cités éducatives au nombre de 200 aujourd’hui et qu’Emmanuel Macron veut étendre à tous les Quartiers Prioritaires de la Ville, et plus généralement les Plans Educatifs de Développement des Territoires (PEDT) établis par les communes en concertation avec les académies.
Nous appelons aujourd’hui à l’expression d’une volonté politique forte entre l’Etat et les collectivités pour mettre en œuvre ces vacances apprenantes avec les moyens adéquats dans un souci de continuité éducative partagée.
Faire des vacances non plus une période de rupture d’égalité, mais une occasion d’enrichissement et de progrès pour les enfants qui en ont le plus besoin, voilà un nouveau chantier éducatif qui constitue pour la nation un bel investissement d’avenir.
Arnaud Langlois-Meurinne, président & Michel Wendling, directeur général des Ateliers Amasco